Brigitte Parraud

Cette semaine, 157 tentes se sont installées sur le boulevard McDonald à Paris, à la lisière du 18ème et du 19ème arrondissements.
C’est au moins 250 personnes qui tentent d’y survivre.
Des familles, des vieillards, des enfants,…

On leur offre du thé, qu’on a acheté de notre poche. On n’a rien d’autre à leur proposer pour le moment.
Des adresses circulent, pour l’aide juridique, pour se doucher, pour manger chaud,…

Je discute avec des salariés du Centre social le plus proche, pour voir ce qu’on pourrait faire.
Eux ils font déjà tout ce qu’ils peuvent, – sans moyens.
Et la réalité claque comme une gifle : non il n’y a pas davantage de migrants qu’avant, le nombre de ceux et celles arrivant dans les rues de Paris est à peu près stable depuis des années. C’est juste que, depuis 2017, les moyens d’hébergement ont été drastiquement diminués par volonté politique ; et les associations asphyxiées.

Alors on laisse ces personnes dans la rue, on les évacue de temps en temps quand les riverains protestent trop, et surtout on dépense le moins de fric possible pour ces êtres humains.
Et on engueule au passage les salariés des Centres sociaux qui tentent d’apporter leur aide, en leur disant : « Vous créez un appel d’air ! Si vous les aidez d’autres vont venir ! »

Le monde macronique… qui véhicule les discours d’extrême-droite et les met en actes.

Très peu de gens au total : 3% des populations dans le monde sont migrantes. Dans ces 3%, on ne sépare pas les gens selon leurs motivations, c’est du global. L’Europe quant à elle reçoit bon an mal an environ 17% du flux migratoire mondial, donc 17% de 3%. La France reçoit chaque année environ 220.000 migrants dont certains resteront sur son sol, et d’autres non. C’est un des pays d’Europe qui en accueille le moins. Donc aucune déferlante ni aucune invasion ni aucune « toute la misère du monde »… Sur ces 220.000 personnes chaque année, on décompte : – 70.000 étudiants étrangers inscrits dans nos universités ou écoles, par conventions officielles avec les autres pays ; – 60.000 personnes venant épouser un français ou une française ; – 40.000 réfugiés politiques ayant obtenu le statut officiel de réfugié (voir Convention de Genève) ; – 30.000 personnes régularisées car vivant en France depuis longtemps ; – 20.000 personnes amenées par des entreprises françaises, avec contrats de travail (immigration choisie). A cela il faudrait ajouter les déboutés du droit d’asile qui restent sur place, et ceux qui entrent sans jamais chercher à être régularisés. On peut raisonnablement les évaluer à 50.000 par an. Toutefois ils sont « contrebalancés » par le fait que beaucoup d’étudiants étrangers repartent chez eux après leurs études, ainsi que la plupart des travailleurs étrangers sous contrat. Par ailleurs, rappelons qu’un pool à peu près constant de 2 millions de français ont migré pour aller vivre dans des pays étrangers : ces personnes dites « expatriées » par euphémisme se renouvellent en partie d’année en année, et sont bien en fin de compte des migrant.e.s elles aussi. (Chiffres officiels France-Terre d’asile)

Quelques articles importants :

Art XXII
1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.
2. Tous ont droit, sans aucune distinction, à un salaire égal pour un travail égal.
3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.
4. Toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.

Article XXIIII
Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés périodiques.

Article XXV
1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assumer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires, elle a droit à la sécurité en cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.

En versant une  » prime d’activité » aux salariés gagnant un salaire inférieur à 1500 euros nets mensuels, l’État reconnaît implicitement qu’il n’est pas normal ni juste de travailler à plein temps pour un salaire aussi faible. Et donc que le SMIC mensuel qui est actuellement de 1170 euros nets, est d’un montant anormalement bas. Et donc l’état paye ainsi chaque mois une partie du salaire des travailleurs les moins bien rémunérés, alors que ce sont les employeurs qui devraient le faire. Mine de rien, ce simulacre d’aide sociale aux travailleurs pauvres est en réalité un cadeau de plus fait aux entreprises, qui permet de maintenir le SMIC à un niveau très bas.

Si vous avez un boulot qui est payé moins que 1500 euros nets par mois, vous avez droit à la prime d’activité. C’est la CAF qui vous versera cette prime chaque mois. Par contre vous devez la demander : pour cela, allez sur le site de la CAF et remplissez le formulaire de demande de la prime d’activité. Et… ça marche ! Ma fille, qui a un salaire de 1300 euros nets par mois, touche aussi chaque mois 190 euros de prime d’activité. Ce n’est pas rien dans un budget !

La CMU (couverture maladie universelle) pose le principe, depuis des années, que même les personnes en situation de précarité, avec des contrats de travail occasionnels ou sans emploi du tout, touchant des allocations ou pas, ont un droit fondamental à la protection de leur santé par le biais des prises en charge de la Sécurité sociale. Ceci même si elles ne payent aucune cotisation. Depuis 2016 le dispositif PUMA vient compléter et renforcer la CMU : désormais toutes les personnes concernées par la CMU ont également droit à une « complémentaire santé » (un peu comme une mutuelle) qui viendra augmenter les remboursements ou prises en charge. Toujours sans payer de cotisation. C’est un droit universel, donc. Par contre pour pouvoir en bénéficier, IL FAUT LE DEMANDER expressément. Aller sur le site AMELI.fr ou taper CMU, et on finit par tomber sur le formulaire à remplir. Là encore, il est certain que des personnes qui y auraient droit ne le demandent pas, soit que personne ne les ait informées de ce droit, soit qu’elles n’aient pas accès à un ordinateur aisément.

Aucune sympathie particulière pour tous ces vêtements qu’on impose aux femmes.
Aucune sympathie non plus pour ces pseudo débats que les médias montent en épingle pour nous détourner opportunément des vraies questions sociales.
Aucune sympathie pour ces thèmes récurrents volontiers anti-musulmans, qui nous jettent dans les bras de l’extrême-droite.
Une question au passage : depuis quand doit on se préoccuper de ce qui est « inclus dans le Coran » ou pas, de ce qui fait partie vraiment de l’islam ou pas ?…
Les musulmans, les bouddhistes ou autres, passent-ils du temps à pointer les règles de vie « chrétiennes » qui ne figurent pas dans la bible ? Il y en aurait pourtant beaucoup : célibat des prêtres, consommation de poisson le vendredi, faire maigre à Paques ou pendant le carême,… etc… etc… et pourtant nul ne vient nous faire chier en nous disant que tout ça n’est pas inclus dans la religion et que donc il faut cesser de le pratiquer et que c’est mal !
Bon, tout cela ne me concerne guère car athée totalement.
Mais je veux rappeler que, s’il y a bien un livre religieux qui préconise le port du voile pour les femmes, c’est… la bible ! Relire les Épitres, ça ouvre les écoutilles…